Discours de S.E.M AZALI Assoumani, Président de l’Union des Comores, Président en exercice de l’Union Africaine, au Sommet des BRICS.

Publié le 25 Août 2023
Discours de S.E.M AZALI Assoumani, Président de l’Union des Comores, Président en exercice de l’Union Africaine,  au Sommet des BRICS.

Johannesburg, le 24 août 2023

-       Excellence Monsieur le Président Cyril Ramaphosa, et Cher Frère,

-       Excellences Chers Collègues,

-       Distingués Invités, en vos rangs et qualités,

-       Honorable assistance,

C’est un grand honneur et un privilège pour moi, de prendre part à cette importante rencontre et d’apporter, la contribution de l’Union Africaine, à ces échanges, que j’espère fructueux, pour l’avenir des pays que nous représentons.

Mais permettez-moi, avant d’entrer dans le vif du sujet, d’adresser nos vifs remerciements, à mon frère le Président Ramaphosa, à son Gouvernement et au peuple sud-africain, pour l’accueil particulièrement chaleureux qui nous a été réservé, à notre arrivée dans ce beau pays.

Nous leur exprimons également notre profonde gratitude, pour les bonnes dispositions prises, pour faciliter le déroulement de nos travaux et rendre agréable, notre séjour en Afrique du Sud, la terre de Nelson Mandela, notre grand leader, une figure emblématique qui fait l’honneur et la fierté de notre continent.

Honorable assistance,

Mesdames et Messieurs,

L’Union Africaine, que j’ai l’insigne honneur de représenter, pour cette année 2023, accorde une importance capitale aux liens qui l’unissent avec les pays BRICS.

 Elle les considère comme une remarquable opportunité pour les deux parties d’explorer, ensemble, les domaines de coopération, qui leur seront mutuellement bénéfiques. 

Elle se réjouit, ainsi, de l’expansion du bloc vers les pays du continent africain, une démarche qui devrait contribuer à multiplier les avantages associés à cette coopération. 

Les capacités variées des BRICS, dans des secteurs divers, sont un atout important qui favorisera, certainement, la croissance et le développement du continent africain. 

Aujourd’hui, l’Afrique est confrontée entre autres défis, à la problématique de l’indépendance alimentaire, ce qui est inadmissible, puisque notre continent qui dispose de 65% des terres cultivables du monde, enregistre chaque année, un déficit alimentaire de plus de 1200 milliards de dollars.

 Cependant, les BRICS, de par leurs compétences multiformes, pourraient aider l’Afrique  à accomplir son objectif d’indépendance alimentaire, à travers l’acquisition des nouvelles technologies, permettant d’améliorer les capacités et la productivité agricole.

L’Afrique est également confrontée à la problématique  de son industrialisation,  puisque le continent a de grandes réserves mondiales de matières premières, alors qu’il ne dispose, malheureusement pas, de capacités d’exploitation et de transformation de ces minerais, sur place. 

Ainsi, une collaboration entre les BRICS et l’Afrique permettrait de développer des unités de production et de transformation, dans le cadre d’un vaste programme d’industrialisation, qui favoriserait la transition verte.  

S’agissant, enfin, du développement pharmaceutique, en Afrique, les BRICS disposent d’une capacité pour développer un partenariat avec l’Afrique, afin de promouvoir la recherche dans le secteur pharmaceutique mais aussi, favoriser l’augmentation de la production pharmaceutique.

L’exemple de la production de vaccins en Afrique du Sud notamment, lors de la COVID a démontré que nos pays africains ont non seulement les techniques et les technologies nécessaires mais aussi la capacité de contribuer aux efforts mondiaux, visant à promouvoir ce secteur.

Comme vous le voyez de nombreuses opportunités se présentent à nous, sans compter l’accès qu’offrent les BRICS, aux innovations technologiques nécessaires, à la transformation économique de l’Afrique et à l’atteinte des objectifs fixés dans l’Agenda 2063.

Je voudrais, alors, saisir cette occasion, pour réitérer la grande disponibilité de l’Union Africaine à faire de la relation BRICS-Union Africaine, un partenariat franc, durable et gagnant-gagnant.

Honorable assistance,

Mesdames et Messieurs, 

Les relations commerciales entre l'Afrique et les BRICS sont multidimensionnelles et sont illustratives des nombreux avantages liés au commerce Sud-Sud.

Il est important de souligner que les BRICS représentent un des partenaires commerciaux majeurs de notre continent, et que leur poids économique et démographique constitue, un atout majeur inégalable, à l’échelle mondiale. 

Nos pays africains souhaiteraient alors, dans le cadre de ce partenariat, tirer parti des instruments de financement créés par les BRICS, tels que la Nouvelle Banque de Développement, dont l’objectif est de financer des projets de développement, en mettant l'accent sur la durabilité.

Au moment où notre continent africain plaide pour des réformes profondes de l’architecture financière mondiale, nous exhortons les BRICS de jouer un rôle de groupe de pression, en faveur de ces réformes.

Il faut souligner que le mécanisme de financement actuel des institutions financières mondiales n’est plus adapté, aux besoins de développement actuel, de l’Afrique.  

Aussi, des réformes structurelles et profondes de l’architecture financière mondiale sont plus que nécessaires, pour répondre aux nouveaux besoins qui ne sont pas pris en compte, dans l’actuel architecture mondiale. 

S’agissant du fardeau de la dette qui asphyxie plusieurs économies africaines, l’Union Africaine a mis en place un groupe de travail, en vue de proposer des voies et moyens pour une renégociation de la dette africaine.

Dans ce contexte, le Contingent Reserve Arrangement (CRA) mis sur pied par les BRICS pourrait bénéficier aux pays de notre continent, si ce fonds devenait opérationnel. 

En effet, le CRA pourrait permettre aux pays africains d’accéder à des prêts, avec de meilleures conditions de remboursement, ce qui serait très avantageux pour les pays confrontés à des coûts prohibitifs d’accès, aux marchés financiers mondiaux.

 Pour les BRICS, une telle prouesse permettrait, si besoin est, d’illustrer leur capacité à mettre en place des solutions alternatives, à l’architecture financière internationale, dans laquelle les institutions de              Bretton-Woods jouent un rôle central.

Au-delà des relations importantes qui lient actuellement nos deux parties, notre continent a le potentiel d’offrir aux BRICS davantage d’opportunités considérables notamment sur les plans géopolitique, économique, sécuritaire et culturelle.

C’est le cas de la Zone de Libre-échange Continentale Africaine (ZLECAF), qui offre aux pays BRICS une opportunité unique de redynamiser leurs efforts, visant à renforcer leurs relations commerciales avec les pays émergents et en développement. 

Potentiellement, la plus grande zone de libre-échange au monde, en termes de pays membres, depuis la création de l'Organisation Mondiale du Commerce, la ZLECAF a pour ambition de créer un marché continental de 1,3 milliard de personnes, dans les pays de notre continent, dotés d’un PIB cumulé de 3 400 milliards de dollars.

A cet égard, l’engagement politique de l’Afrique en faveur de la ZLECAF demeure fort comme l’atteste la désignation de l’année 2023, comme étant l’année de l’accélération de sa mise en œuvre.

J’invite alors les BRICS à s’intéresser à cet instrument, d’autant plus que selon un rapport de la CEA, les activités d'investissement et de commerce des BRICS offriront des opportunités importantes, pour le vaste secteur agricole inexploité de l'Afrique.

Par ailleurs, l’accession de l’Afrique au G20 offrirait certes, à l’Afrique une plateforme centrale, pour amplifier ses positions sur les questions économiques mondiales, pour un multilatéralisme plus inclusif. 

 Cependant, elle constituerait aussi, une opportunité pour le continent, d’œuvrer avec les BRICS, en faveur de l’avènement d’une gouvernance économique mondiale, plus juste et plus inclusive. 

Excellences,

Mesdames et Messieurs, 

Toutes les actions que nous menons en faveur du progrès et du développement ne peuvent se pérenniser, sans la paix et la stabilité dans le monde. 

Aussi, voudrais-je attirer notre attention sur l’urgence de chercher ensemble, les voies et moyens de mettre fin aux conflits fratricides en Afrique, et plus particulièrement aux changements anticonstitutionnels, qui compromettent la paix et la stabilité, et freinent la prospérité de notre continent.  

Nous devons également continuer à encourager la Russie et l’Ukraine à mettre fin à la guerre qui les oppose, d’autant plus que les conséquences de cette guerre n’affectent pas seulement l’Europe mais aussi le monde, dans son ensemble.

 

Excellences,

Mesdames et Messieurs, 

L’opportunité nous est offerte aujourd’hui, d’unir nos forces pour contribuer à rendre ce monde plus juste, plus fort et plus prospère.

 En travaillant en toute synergie, pour établir un nouveau partenariat franc et équilibré, basé sur la complémentarité et non sur une autre forme de dépendance, nous parviendrons à constituer une force plus importante sur la scène internationale.

 Nous parviendrons aussi et surtout, à trouver une réponse durable aux défis auxquels nos pays sont confrontés, pour plus de paix, de stabilité et de croissance économique.

Je vous remercie.